Si les actualités du monde entier sont facteurs de stress, comme les attentats, les catastrophes naturelles, les enjeux de politique, le poids la religion dans certains pays, il est difficile de ne pas passer à côté. Or, selon les événements auxquels nous sommes confrontés, on a plus ou moins de facilité(s) à outrepasser ces derniers. C’est en particulier ce que l’on appelle le principe de résilience.
Victime d’attentat, de grave accident, ou même de cambriolage, le principe de résilience peut poser question. Mais revenons au sujet qui nous intéresse ici : le cambriolage. Sachant que ce genre d’événement peut être particulièrement difficile à vivre pour certaines personnes, nous allons dans cet article parler de la résilience pour les victimes de cambriolage. Mais le concept peut être appliqué à toute autre forme de traumatisme.
La résilience, un concept psychologique
Le concept de résilience est une terminologie que l’on trouve dans le cadre des sciences mentales, notamment en psychologie. Plusieurs auteurs occidentaux se sont penchés sur ce phénomène, mais c’est Boris Cyrulnik qui médiatise le concept de résilience en psychologie.
Face aux divers traumatismes auxquels nous pouvons être confrontés, certaines personnes arrivent à « mieux s’en tirer » que d’autres. Malgré le vécu d’un traumatisme, ces personnes arrivent à vivre, rire, aimer, sortir, entretenir des relations sociales, travailler… Et ce, alors même que les épreuves qu’elles ont vécues auraient dû les laisser plus bas que terre. Mais comment est-ce possible ?Par quel(s) processus cela passe t-il ? Tout ceci représente en fait le concept de la « résilience« .
Quelques ouvrages de référence de Cyrulnik
Selon Boris Cyrulnik, la résilience
est l’aptitude d’un corps à résister aux pressions et à reprendre sa structure initiale […] En psychologie, la résilience est la capacité à vivre, à réussir, à se développer en dépit de l’adversité
Lorsque l’on lit les ouvrages de cet auteurs, ou que l’on s’intéresse au concept de résilience, on peut facilement comprendre que la résilience ne s’applique pas uniquement aux personnes victimes d’événements graves. Sans quoi d’ailleurs, l’objectif de cet article serait totalement remis en jeu ! Non, la résilience, c’est en fait la capacité de pouvoir « tourner la page » sur des événements extrêmement douloureux ou difficiles à vivre pour certaines personnes. Ainsi, donc, dans certains cas, on peut parler de résilience à la suite d’un deuil difficile. On peut aussi parler de résilience suite à un cambriolage. Toujours selon Cyrulnik,
[…] les processus qui permettent de reprendre son développement après un coup du sort nous concernent tous, car ils obligent à penser la vie en termes de devenir, d’évolution. D’ailleurs, environ une personne sur deux subit un traumatisme au cours de son existence, qu’il s’agisse d’un inceste, d’un viol, de la perte précoce d’un être cher, d’une maladie grave ou d’une guerre.
Qu’est ce qui favorise ou facilite les processus de résilience ?
Il existe trois repère principaux qui permettent de faciliter le processus de résilience. Ces processus, dépendants de l’histoire de vie, et notamment de l’enfance d’une personne, sont son tempérament, le milieu affectif dans lequel la personne (a) évolue(é), et le fait de disposer d’un environnement soutenant. Ils seraient également influencés par un ensemble d’attitudes. Ces dernières ont pour objectif la propre protection d’un individu envers lui-même pour ne pas « s’écrouler ».
Un thème prépondérant parmi les différentes définitions de la résilience est l’importance de l’adaptation, de la récupération émotionnelle, physique, intellectuelle, ainsi que l’importance du rebond malgré l’adversité ou le changement.
Résilience et traumatologie
Ceux qui travaillent dans le domaine de la traumatologie ou de la victimologie identifient la résilience comme un processus dynamique. Ce dernier implique une négociation personnelle à travers les étapes de la vie, le temps et le contexte. Il existe une grande diversité et complexité des définitions de la résilience. Certains concepts et approches sont plus ou moins bien utilisés. Mais les éléments suivants résument assez bien l’essence de la résilience (Windle 1999) :
adaptation réussie aux exigences de la vie face à des inégalités ou à des conditions très défavorables
La résilience est également contextuelle. Elle peut donc mieux comprise comme multidimensionnelle et variable dans le temps et selon les circonstances. Les approches pour comprendre ce qu’est la résilience peuvent être groupées selon des attributs internes à la personne, à l’environnement ou une combinaison des deux. Toutefois, ce qu’il faut noter, c’est que la personnalité ainsi que les caractéristiques individuelles de certaines personnes vont faciliter (ou pas) le processus de résilience. A titre d’exemple, une personne qui fait preuve de persévérance, de gestion et de conscience émotionnelle, d’optimisme, de perspective, de sens de l’humour, d’auto-efficacité (croyance dans ses propres capacités) et de capacités à résoudre des problèmes de manière autonome sera une personne qui s’engagera plus facilement dans la résilience.
Aller plus loin dans la résilience
Les personnes qui vivent le plus mal un cambriolage doivent être prises en charge rapidement. Toutefois, le problème, c’est que les troubles et symptômes les plus graves et problématiques n’apparaissent que quelques semaines, voire quelques mois après le cambriolage. Donc, pour cela, il vaut mieux éviter de laisser empirer les choses et ne pas se laisser déborder par ses angoisses.
Concernant la résilience, plusieurs aspects favorisent ce phénomène. En effet, il s’avère que plus on est résilient envers les événements de la vie, moins l’impact traumatogène perdure, tant en termes d’intensité que de durée. Ainsi donc, pour faciliter la résilience, voici les points importants sur lesquels travailler :
- Auto-efficacité et estime de soi
- Enthousiasme, optimisme, espoir
- Ouverture d’esprit
- Vision positive de soi et un fort sentiment d’identité
- Autonomie
- Conscience de soi et alphabétisation émotionnelle
- Compétences de pensée critique
- Possibilité de définir des limites, savoir « jusqu’où on peut aller »
- Compétences sociales et confiance confiance envers les pairs pour maintenir efficacement des relations
- Flexibilité et adaptabilité : s’appuyant sur un large éventail de stratégies d’adaptation et de créativité pour la résolution des problèmes
- Capacité d’identifier de s’appuyer sur des ressources internes et externes
- Accepter et s’adapter au changement
- Persistance face aux défis et à l’adversité
- Avoir un but et et reconnaitre, anticiper les difficultés et défis
- Capacité d’apprendre des choses passées
- S’orienter vers le futur
- Sens de l’humour
- Capacité à gérer et à contenir ses émotions