Avoir son foyer cambriolé est une chose traumatisante, autant que de s’être fait agressé(e). Récupérer des séquelles émotionnelles d’un cambriolage est difficile, long et parfois laborieux. Dans cet article, nous allons aborder ce qu’il est possible de ressentir et la façon dont vous pouvez surmonter les émotions négatives du fait d’être victime de cambriolage.
Il est important de noter que les personnes réagissent à des événements traumatiques différemment. Ces réactions dépendent de différents facteurs, tels que la personnalité, le soutien de la part de l’entourage, les capacités d’adaptation face aux situations difficiles, etc… Il faut garder à l’esprit que les réactions que vous pouvez avoir à la suite d’un cambriolage n’apparaissent pas en même temps. D’ailleurs, elles n’agissent pas de façon linéaire. Dans tous les cas, elles sont parfaitement normales. Ce n’est que lorsqu’elles seront source de souffrance pour vous qu’elles seront dites pathologiques.
Choc et incrédulité : la découverte du cambriolage
Immédiatement après un événement traumatique, tel qu’un cambriolage, il est extrêmement commun à éprouver des sentiments de choc et d’incrédulité. Il est en effet difficile de comprendre ce qui vient de se passer. A cette occasion, des sentiments de « déconnexion » entre l’événement et vos sentiments peuvent apparaitre. Par chance, l’incapacité immédiate à accepter ce qui est arrivé ne dure pas trop longtemps.
Dans tous les cas, plus ce sentiment de « décalage » entre ce que vous percevez et les affects que vous pouvez avoir, plus vous risquez de développer des troubles de type dépression post-cambriolage.
Les effets psychologiques du cambriolage sur les victimes
Pour comprendre les effets et les conséquences du cambriolage chez les victimes, il est nécessaire de revenir vers des définitions que certains spécialistes peuvent amener. Cela permettra notamment de pouvoir mieux comprendre comment et pourquoi certaines victimes de cambriolage ont certaines réactions.
Ce que disent les études à ce propos
Le cambriolage est une forme grave d’intrusion et une violation du territoire de sécurité ainsi que du sentiment de sureté et d’intimité (Brown et Harris, 1989; Caballero, Ramos et Saltijeral, 2000). Par conséquent, les victimes peuvent subir des effets psychologiques négatifs considérables tels que de l’anxiété, une dépression, un état de choc, de la colère, de la peur, de l’insomnie, un état d’épuisement et de confusion (Beaton, Cook, Kavanagh et Herrington, 2000; Friedman, Bischoff, Davis et Person, 1982; Jones, 987; Maguire, 1980, 1982).
Une étude a montré qu’une ou deux semaines après un cambriolage, les victimes signalent un niveau de détresse psychologique plus élevé que celles qui n’avaient pas été cambriolées (groupe témoin). Un mois après le cambriolage, bien qu’ils aient montré une amélioration de ces niveaux de détresse, leurs niveaux étaient plus graves que ceux du groupe témoin (Beaton et al., 2000). Il a également été démontré que ces victimes éprouvent plus de détresse que celles d’autres délits contre les biens et ressentaient le besoin de demander de l’aide auprès d’un médecin (Mol et al., 2002).
http://francissparks.com
L’étude a été menée auprès de 125 participants, tous victimes d’un cambriolage. En moyenne, entre le moment de l’étude et le moment du cambriolage, un an s’était écoulé. Les résultats semblent montrer que les symptômes analogues à ceux du PTSD persistent, même au bout d’un an :
- 48% des personnes interrogées pensent toujours au cambriolage, même sans le vouloir
- 44% sont submergées par de fortes émotions lorsqu’elles y pensent
- 22% ont du mal à dormir
Aller plus loin dans la compréhension de la dépression suite à un cambriolage
Dans un autre article de recherche Victimisation criminelle, trouble de stress post-traumatique et psychopathologie comorbide, il est possible de lire les conclusions suivantes :
Les résultats indiquent que les victimes d’actes criminels sont plus susceptibles que les non-victimes de souffrir de PTSD, d’épisode dépressif majeur, d’agoraphobie, de trouble obsessionnel-compulsif, de phobie sociale ou de simple phobie.
Boudreaux, 1998
Ces conclusions se retrouvent également dans une autre étude:
Le cambriolage peut avoir de graves conséquences psychologiques pour les membres du ménage. Après tout, «le cambriolage implique une violation du caractère sacré du domicile ainsi qu’une victimisation collatérale généralement sous la forme de biens volés» et «constitue un affront personnel à la sécurité des victimes et entraîne de nombreux coûts et préoccupations psychologiques» (DeLisi , Jones-Johnson et Hochstetler, 2010)
Est-ce pour autant une fatalité ? Non, car certains autres événements ou situations permettent de diminuer l’effet traumatique du cambriolage. Par exemple, des chercheurs ont pu mettre en évidence que la réaction de la police face aux victimes de cambriolage, jugée comme empathique et satisfaisante, permet de réduire le risque de développer des symptômes de type PTSD. Dans tous les cas, les effets du cambriolage sur les victimes sont durables et changent souvent leur vie.
Emotions et ressentis au moment du cambriolage
Déni
Le déni est la première réaction face à la situation de choc d’un cambriolage. Il est très important d’être conscient(e) que l’on est dans le déni. Le déni ne signifie pas que vous n’acceptez pas que l’événement ait eu lieu. Cela signifie simplement que vous refusez d’accepter que ce qui est arrivé vous dérange.
L’entourage peut considérer que cette réaction est une force ou une attitude facile, alors qu’en vérité, vous ne voulez absolument pas faire face avec ce qui se passe.
Tristesse
Après avoir reconnu et accepté ce que vient de se passer, vous ressentirez un sentiment de perte, de mélancolie, de regrets, et de tristesse. La tristesse est particulièrement saillante quand vous perdez les éléments sentimentaux ou irremplaçables. Vous ne serez jamais en mesure de considérer la juste valeur des objets sentimentaux. D’ailleurs, vous aurez probablement toujours un sentiment de tristesse relatif aux objets dérobés, ainsi que du sentiment d’intrusion semblable à un viol.
Colère
Une fois que vous commencez à passer au travers des sentiments les plus intenses, vous allez commencer à ressentir de la colère. C’est à cette étape en général que vous voudrez retrouver la personne responsable. Le sentiment de justice et de réparation sera à son paroxysme. Vous pouvez même transformer cette colère envers vos proches, voisins, amis, ou vous-même.
La colère ressentie à la suite d’un cambriolage n’a pas à être payée ou subie par les proches. Malgré tout, il est normal d’avoir ce sentiment de confusion et de vouloir faire « payer » pour ce qui s’est passé.
Il est parfaitement normal de vouloir blâmer quelqu’un pour l’injustice qui a été faite. Dans la même logique, un désir de réparation du tord causé peut apparaitre. Ce qui est important est de ne pas permettre à votre colère de vous consumer. Il faut la reconnaitre, l’accepter, et ensuite travailler sur celle-ci pour passer au travers.
Porter des sentiments intenses de colère dans votre quotidien, envers des choses, des personnes ou vous-même ne va pas ramener les objets dérobés. Et cela ne va pas non plus vous aider à passer au-delà du cambriolage. La colère n’est pas une fin, mais plutôt un moyen de s’adapter à la rancoeur et au sentiment d’injustice que certaines personnes peuvent avoir.
Crainte
La peur ou la crainte est probablement la pire étape dans tout le processus pour sortir de l’état de victime d’un cambriolage. Non seulement vos objets de valeur ont été volés, mais vous devez aussi accepter le fait que votre maison ait été souillée par le cambriolage.
La plupart des personnes considèrent leur maison comme un lieu sûr. Or, il est extrêmement dérangeant d’avoir ce sentiment que votre ligne de défense ait été violée. Il est fréquent pour les victimes de cambriolage de se sentir anxieuses ou d’avoir peur d’être seul(e) dans l’appartement ou la maison qui a été cambriolée.
Comment outrepasser un cambriolage ?
Suite aux étapes conséquentielles à la découverte d’un cambriolage, l’étape suivante consiste à les travailler pour ne pas s’en faire envahir ni en souffrir. Voici quelques astuces que vous pouvez adopter pour vous remettre de votre cambriolage :
1. Avoir du soutien
Le soutien peut être trouvé par le biais de nombreuses pistes, y compris les amis, les membres de la famille, ou un thérapeute. Ne pas avoir peur de se pencher sur ses relations ou professionnels pour avoir un soutien émotionnel et du confort.
2. Ne pas minimiser la chose
Ne laissez pas les autres minimiser vos sentiments en disant des choses comme: « Bon au moins tu n’étais pas chez, tu n’as pas vu le cambrioleur » ou «Tu as de la chance. Au moins, ils n’ont pas détruit les murs« . Ce n’est pas parce que vous n’étiez pas à la maison ou que la totalité de vos biens n’ont pas été cambriolés que cela justifierait l’absence de sentiments. Vous avez été victime d’un cambriolage. Il est normal d’être (au moins) bouleversé(e).
3. Ne pas céder à la peur
Alors qu’il est tout à fait normal d’avoir peur, ne laissez pas celle-ci vous contrôler. Il faut certes prendre des mesures pour protéger son foyer et soi-même. Plutôt que de céder à la peur, adoptez une attitude et des comportements pro-actifs. A titre d’exemple, envisagez l’installation d’un système d’alarme. Et pourquoi pas des cours d’autodéfense ? Cela vous forcera à sortir de chez vous, donc de ne pas céder à la peur.
4. Conservez votre routine
Essayez de vous investir de nouveau dans une routine dès que vous le pouvez. Plus vous reprendrez votre vie normale rapidement, plus il sera facile de dépasser cet événement.
5. Prenez soin de vous
Ne pas cédez pas à l’auto-apitoiement. Continuez à bien manger et faites de l’exercice. Evitez le recours aux des médicaments ou à l’alcool. Vous êtes plus fort(e) que vous ne le pensez. Ne laissez pas un cambriolage vous priver de votre bonne santé et de votre bien-être mental.
Conclusion
Bien tout cela semble être difficile, en suivant les étapes décrites ici, vous serez en mesure de dépasser les sentiments négatifs associés au cambriolage. Laissez-vous la liberté de passer au travers ces étapes émotionnelles et rappelez-vous que cela aussi, doit passer.
Si vous vous sentez trop vulnérable, que vous pensez que le cambriolage a eu un effet pervers sur votre vie, alors il se peut que vous soyez en dépression. Dans ce cas, une aide adaptée ne peut être que bénéfique.